Honneur à M. et Mme Ménard

Publié le par Annie

L'ancienne école de garçons de Mauves

Dans notre petit village du Perche, nous avons honoré une famille qui a caché des Juifs pendant la guerre, le samedi 27 avril 2019. Nous avons honorer la famille Ménard. M. et Mme Ménard étaient une famille d’instituteurs, très appréciés pour leur enseignement et leur gentillesse. A cette époque, M. Ménard était également secrétaire de mairie.

 

Ce fut un moment émouvant pour les gens du village. Il est bon de se souvenir que certains n’hésitaient pas au péril de leur vie de sauver des gens dont le seul tort était d’être de religion juive alors que la France était occupée par les nazis de l’armée allemande.

La Municipalité était l'organisatrice. Etaient présents les représentants de la CDC, Monsieur le Préfet de Mortagne, Monsieur Lenoir, les sapeurs-pompiers, les gens du village et les enfants de l'école de Mauves. Les descendants de la famille Ménard étaient présents, ainsi que le fils de la famille juive et sa famille. L'Association Yad Vaschem était également représenté.

Notre Association s'est associée à cette commémoration et a déposé une gerbe.

 

Après la cérémonie, Monsieur le Maire a offert le pot de l'amitié, sous le préau de l'ancienne école des garçons, où précisément Monsieur Ferrand fut écolier pendant la guerre. Lors de son allocution, il a raconté des souvenirs de son passage à Mauves. C'était très rigolo et émouvant...

 

« Roger Ménard vivait avec sa femme Madeleine à Mauves-sur-Huisne (Orne). Ils étaient tous deux instituteurs à l'école du village, et, comme c'était souvent le cas, l'instituteur était également le secrétaire de mairie. En 1942, le docteur Nabedrick, un jeune dentiste juif, arriva au village avec sa femme et leur toute petite fille. Il cherchait un asile, mais aussi un endroit où il pourrait exercer son métier. Conformément à la loi, il alla se faire enregistrer à la mairie. Il espérait obtenir des papiers sans la mention "juif" qui lui rendrait impossible l'exercice de sa profession. Roger Ménard lui remit de faux papiers et le dentiste ouvrit un cabinet. Seul Roger et sa femme savaient qu'il était juif. Ils avaient dit à tout le monde que les nouveaux-venus étaient des membres de leur famille, qui avaient dû quitter leur domicile sur la côte bretonne parce que les Allemands y construisaient des fortifications. Cet été là, le père du dentiste, resté à Paris, fut arrêté puis déporté en Allemagne. Sa mère se retrouva seule. Il fut décidé que toute la famille - soit la mère, le frère, la grand-mère, la belle-mère, l'oncle et les deux cousins de M. Nabedrick - viendrait se réfugier à Mauves sur Huisne. Ainsi fut fait. L'un des deux cousins, Serge Ferrand, qui avait alors onze ans, témoigna après la guerre qu'il avait fréquenté l'école communale pendant deux ans, jusqu'à la Libération. Les Ménard avaient procuré à tout le monde des faux papiers et des cartes d'alimentation - à l'insu du maire, collaborateur notoire. Lorsque les gendarmes commencèrent à poser des questions, les Ménard s'en tinrent à leur version habituelle. Quelqu'un dénonça pourtant le dentiste, l'accusant d'exercer sans permis. Il "disparut" alors, se cachant dans le grenier des Ménard où il vécut jusqu'à la fin de l'Occupation. Ce n'est qu'alors qu'il apprit que Roger et Madeleine faisaient également partie de la Résistance, et qu'ils avaient risqué leur vie pour les sauver. »

Le 25 décembre 1995, Yad Vashem a décerné à Roger et Madeleine Ménard le titre de Justes parmi les Nations. Wikipédia

 

Robert Rotrou (+), le chanteux du Perche en parlait à sa manière dans sa “Boîte à souvenirs”*. Il écrivait sur l’apprentissage de la vie à l’école communale de Mauves : “Monsieur et Madame Ménard... Madame m’a appris - entre autres choses - à lire et vit maintenant retirée au Mans : elle reste dans mon cœur et celui de ses anciens élèves un objet de vénération... Une dame... “Madame” : il n’est qu’elle qui ait droit pour nous, ses anciens (élèves) à ce vocable auquel le temps ne fait que rajouter de la tendresse... comme s’il en manquait...”

 

Personnellement, je connaissais l'histoire de la famille Ménard. Je ne sais plus qui m'en avait parlée ? Antoinette Dujardin (Nenette) ? Robert Rotrou, lors de nos bavardages les après- midis d’étés passés à la baignade, où les jeunes parisiens et les jeunes du village se rencontraient.

 

Ainsi, suis-je heureuse que l'Association Malva aie participé à cette commémoration.  L'Association socio-culturelle Malva, pour laquelle je suis présidente est sensible à la culture et à la mémoire historique de notre pays. Et en ces temps troublés où la peur voire la haine de l'autre, de celui que l'on ne connaît pas, celui qui n'est pas d'ici, envahit l'espace médiatique, c'est le moment de rappeler que nous sommes tous des humains, égaux devant la loi. Que ce soit à cause des idées politiques ou à propos des religions, nous méritons la même justice, les mêmes soins, la même attention. Notre mémoire collective est notre bien commun.

 

Et maintenant, pourquoi pas appeler notre petite école : l'école Ménard ?

 

Annie

 

 

Les familles, Monsieur Ferrand, Le représentant de Yad Vaschem, les sapeurs pompiers de Mauves.
Les familles, Monsieur Ferrand, Le représentant de Yad Vaschem, les sapeurs pompiers de Mauves.
Les familles, Monsieur Ferrand, Le représentant de Yad Vaschem, les sapeurs pompiers de Mauves.
Les familles, Monsieur Ferrand, Le représentant de Yad Vaschem, les sapeurs pompiers de Mauves.
Les familles, Monsieur Ferrand, Le représentant de Yad Vaschem, les sapeurs pompiers de Mauves.

Les familles, Monsieur Ferrand, Le représentant de Yad Vaschem, les sapeurs pompiers de Mauves.

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